La mort du journalisme d’investigation ?
Le journalisme d'investigation va-t-il mourir ? En tous cas, 400 professionnels du monde entier sont venus prouver que non, le 22 avril dernier, à Genève. Aux bords du lac Léman, la 6ème conférence globale du journalisme d'investigation venait pointer du doigt la crise qui agite la profession. Roberto Saviano, célèbre pour son enquête sur la mafia napolitaine relatée dans son livre Gomorra vendu à 5 millions d'exemplaires, était l'invité principal de ce rendez-vous. Crise économique, ennuis juridiques, pressions, perte de confiance envers les journalistes…Le tableau est sombre ! Et pourtant, le public a faim d'enquêtes, pour preuve le succès de l'émission Les infiltrés sur France 2, dernière référence de ces investigations qui appuient là où ça gêne. Mais ce n'est pas le seul exemple, prenons le Canard enchaîné qui tire à près de 500 000 exemplaires ou encore de nouveaux modèles de journalisme d'investigation comme Propublica aux USA.
Mais danger d'extinction il y a : Anna Politovskaïa en Russie, Myret Zaki et son enquête sur UBS banque, ou encore l'Américain Seymour «Cy» Hersh qui enquêta sur la prison d'Abou Ghraib pendant la guerre en Irak, ont-ils des descendants ? Face à la crise que traverse la profession, certains ont trouvé une solution pour publier leurs enquêtes : un contrat avec une maison d'édition. Le journaliste se transforme alors en écrivain… Et son statut qui est remis en question. En effet, la carte de presse est réservée aux journalistes pouvant justifier de revenus assurés par une entreprise de presse. A l'heure où les formats se réduisent et où le temps de l'information devient toujours plus rapide, le journalisme d'investigation doit trouver des solutions de mutation pour continuer à exister.
Clement Moutiez