Un pas après l’autre
La particularité d'être étudiant en journalisme est qu'un simple reportage peut sonner comme un parcours du combattant.
Mercredi 6 janvier, centre de vaccination contre la grippe H1N1 de Cergy-Préfecture. A peine la porte ouverte, une infirmière m'accueille toutes dents dehors. Je décline rapidement ma mission avant de me faire trouer la peau. Le directeur me reçoit dans son bureau, une poignée de main et j'annonce de ma singulière voix le fameux « je-suis-étudiante-en-journalisme ». Les yeux exorbités du responsable se plissent, son sourire se fait rictus et je suis sèchement invitée à demander une autorisation auprès de la Préfecture. Non ! La Préfecture n'aura pas raison de ma mission.
Le lendemain, je me présente, fière comme Artaban avec mon autorisation, devant le même directeur. Ce dernier, sans un regard, m'avoue être trop occupé. Pourtant j'ai beau chercher, pas de patients. Enfin, il y en a bien deux qui se battent en duel là-bas. Bloc notes et appareil photo en main, je pars à la recherche d'un autre centre. Non ! Cet « aimable » directeur n'aura pas raison de ma mission.
Après une demi-heure d'errements dans un froid glacial, je me résigne à solliciter le seul passant. L'homme promène ce qu'on appelle communément, un chien, et que je surnomme : « phobie ». Non ! Ce clébard n'aura pas raison de ma mission. Une distance de sécurité, une position de sprinteur et je demande courageusement mon chemin. Hélas ! Joueur, le chien se rapproche. Son maître hurle des indications à mon cerveau qui enregistre « gauche… chien… pont… COURS ! ». Je bredouille un rapide merci, pressée de fuir.
Arrivée au centre de vaccination de Pontoise avec l'aide d'un fort et ténébreux gendarme, je suis sommée de montrer pattes blanches. Je bluffe. Baston de regards… Le responsable - plus accueillant - bat des cils et me sourit. Ça y est, je tiens ma mission !
Aissatou Fall