Surprise et tremblements
Si la mission du correspondant local de presse s’avère formatrice, elle n’est pas toujours excitante. Franchement, qui se passionne pour les inaugurations de décharges et les conseils municipaux interminables ? Heureusement, les jolies surprises ne sont jamais loin.
Février 2009. Venue couvrir l’assemblée générale d’une banque, je me prépare pour quatre heures TRES ennuyeuses. En arrivant je découvre que les membres d’une association, soutenue par la banque en question, vont prendre la parole. Cette organisation lutte contre les maladies causées par des catastrophes, et non-reconnues comme telles.
Deux pompiers américains rescapés du 11 septembre entrent sur scène. Pendant deux heures, ils témoignent : l’effondrement des tours, les civils et leurs collègues tués, handicapés ou comme eux, condamnés par les maladies respiratoires causées par le nuage de cendres, suite à la chute du World Trade Center. Le public s’émeut face ces oubliés du drame. C’est beaucoup de pathos, mais aussi une rencontre : celle avec ces hommes qui vont bientôt mourir, mais prennent le temps de venir témoigner jusqu’en France, « pour la mémoire » disent-ils.
Ce soir-là, j’ai écrit mon papier sur eux, sur l’association qui les soutient, et non sur le budget annuel de la banque. J’ai choisi l’information et le message important, à mon sens. Mon rédac’ chef a validé.
Avril 2010. Je me souviens de ma conversation avec eux. Emus, tremblants, un peu perdus, ils me recommandaient de ne jamais perdre mes rêves de vue. Je souhaite toujours devenir journaliste, tout va bien.
Lise Vogel