Pourtant, il ressemblait à un médecin…
Mercredi matin, premier reportage sur le terrain : la campagne de vaccination contre le virus H1N1 dans la ville d'Arpajon. Me voici partie, mon petit carnet bleu sous le bras sur les routes enneigées, direction « la maison des Associations ». Le centre de vaccination est désert. J'explique mes intentions à la responsable des inscriptions. Elle me recommande d'interroger directement le directeur de centre, un jeune homme brun assis à un bureau dans un coin de la salle, occupé à remplir sa fiche de présence de la journée.
Lors de ma présentation, son regard interrogateur ne m'intrigue pas, ni même le fait que l'homme reste le regard plongé dans sa feuille tout au long de l'entretien. Je pose mes premières questions qu'il ne comprend pas. Je les reformule. Il ne répond que par bribes, balbutie. J'ai l'impression de jouer au « ni oui ni non ». Quand je lui demande d'expliciter ses pensées, il tarde à me répondre.
Sa réticence est incompréhensible. Il semble pourtant le mieux placé pour répondre à mes questions. Je m'imagine déjà seule, devant mon ordinateur, à essayer d'embellir ses propos pour que mon reportage soit crédible. La fin de l'interview, laborieuse, approche. Je lui demande de m'épeler son prénom et de me préciser sa fonction. Il devient plus bavard « Pierre Junker, ingénieur à la DDE, réquisitionné sur mon temps de travail pour gérer l'administration du centre de vaccination ». Mon regard niais s'illumine d'un seul coup : je n'interroge pas la bonne personne. Il m'invite gentiment à patienter dans la salle d'attente, une infirmière va venir répondre à mes questions.
Carole Bilien