Pékin pousse à l’expansion sino-médiatique
Les médias chinois perdraient-ils leur mandarin ? Forte d'une influence mondiale croissante, la Chine encourage depuis quelques années le développement en langues étrangères de ses médias, notamment en anglais. Good bye le tout-sinogrammes? C'est notamment le choix du Huanqiu Shibao, quotidien d'informations internationales, qui a lancé en Août dernier sa propre version en langue anglaise sous l'appellation so british de Global Times. Comme le Shanghai Daily ou le Shenzhen Daily, ses équivalents respectivement créés en 1999 et 2001, le Global Times entend informer la communauté étrangère grandissante de Chine. Mais aussi expliquer au monde le point de vue chinois, comme l'explique Chen Yue, porte-parole à l'agence officielle Xinhua. Une politique orchestrée par le régime de Pékin, dans le droit fil de ce soft power que l'Empire du Milieu entend exercer au niveau planétaire.
Boostée par l'aide financière gouvernementale, la chaîne de télévision d'Etat CCTV propose des versions anglaise, française, espagnole, russe et même arabe depuis l'été 2009, accessibles dans le monde entier par internet ou par satellite.
S'il s'agit pour Pékin de rivaliser avec CNN, BBC ou Al-Jazeera et d'imposer une « vision » chinoise des affaires internationales, il est aussi question de mieux contrôler l'information. Lors des émeutes du Xinjiang de juillet 2009, Pékin préféra dépêcher les médias chinois sur place plutôt que de censurer. Autre défi, conserver l'attention du public chinois lui-même, désormais plus prompt à s'informer via internet et les médias extérieurs. La Chine ou l'art du soft power au pied de la lettre.
Ghislain Fornier de Violet