L’objectivité à l’épreuve d’un sujet personnel

Ambiance concours : plusieurs mois à manger, travailler et dormir en pensant actualité. Puis, mes efforts sont récompensés : je suis admissible dans trois écoles. Le premier oral se passe mal, le second me remonte le moral. Arrive l'épreuve fatidique du Centre de formation des journalistes (CFJ) : le reportage sur le terrain en 8h.

La consigne tombe : « faire la manche à Paris ». La rue je connais bien, ce n'est pas à moi qu'on va expliquer comment tendre la main. Je n'y ai passé que  deux semaines vers 14 ans pour suivre une amie mais j'y ai rencontré des gens avec qui j'ai gardé contact. Pour me remettre dans l'ambiance et patienter jusqu'à 18 h et le retour au CFJ pour rédiger, je décide de revenir sur mes propres pas, vers Chatelet et Beaubourg. Là-bas je sais où trouver des SDF ou des jeunes et mères en « galère » obligés d'alpaguer les passants et d'implorer la charité pour survivre.

Je traîne, m'assois puis me demande si je ne devrais pas faire la manche moi-même pour rendre un reportage innovant sur le thème imposé. Une jeune fille me demande une pièce ou une cigarette et, après avoir fait le tour de la place, elle rejoint sa « tribu ». Je me rapproche et discute avec eux. Peu de temps après, arrive un jeune au visage familier. Je le connais, je ne l'avais pas vu depuis cette lointaine époque de ma vie. J'en perds ma casquette de journaliste. Nous restons des heures à parler et je renonce à écrire mon article. Les émotions et les souvenirs remontent, le concours n'est plus si important. J'ai regretté ce choix mais le destin et ma volonté de faire ce métier m'ont conduit à être admise dans la troisième école : l'IFJ qui, ironie de l'histoire, n'est qu'à deux pas de Beaubourg.

Diane S.



04/12/2009

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

design by ksa | kits graphiques by krek