Vendredi 13

De la Marseillaise au coup de boule de Zidane en passant par le « casse-toi pauv' con », le débat d'Eric Besson, ministre de l'Immigration, sur l'identité nationale est devenu un fourre-tout où les acceptions les plus pertinentes côtoient les plus saugrenues. Même Bernard Thibault y va de sa définition. À un mois de l'ouverture du 49^e congrès de la CGT, le secrétaire général confie au Monde sa conviction que le syndicat « est un objet public qui fait parti de l'identité nationale ». Tiens tiens ! En quoi le mouvement syndical français se distinguerait-il du système disons… allemand ? Y aurait-il un « concept d'origine contrôlée » pour une grève à la française ?

« l'identité d'un peuple se définit forcément par ce qui le distingue des autres dans le temps et l'espace » Denis Tillinac, Valeurs actuelles

Le syndicalisme vise à unifier les travailleurs pour défendre le niveau de vie et les conditions de travail. Dans les faits, l'unité - de mise en Allemagne avec la prédominance de la DGB* - est un concept bien abstrait en France. Les cinq syndicats dits représentatifs** montrent bien peu de coopération entre eux à l'image des défilés séparés du 1^er Mai. Cette disparité syndicale tend à minimiser l'impact des revendications sociales. Sans compter l'instauration du service minimum qui porte un sérieux coup au droit de grève. Outre-Rhin, l'appartenance de toute une branche d'activité à un syndicat donné confère une force de frappe incomparable aux actions sociales. En conclusion, parler d'une grève à la française revient à mettre en exergue le caractère quelque peu anarchique du mouvement syndical, ce qui pourrait expliquer le faible taux de syndicalisation des Français***.

Aissatou Fall