Le reportage: entre travail et coup de chance
Le reportage : entre travail et coup de chance
Tout jeune journaliste, je ne suis pas encore un expert. J'ai d'ailleurs fait autant de reportages qu'il y a de doigts sur la main d'un lépreux. Néanmoins, j'ai appris une chose : le reportage repose, entre autre, sur la chance.
Ne criez pas comme des pucelles effarouchées ! Et oui, avec le reportage, il y a une part irréductible de chance. On peut le travailler autant que l'on veut, avoir tellement bien préparé que l'on sait où sont les cuisines avant même d'avoir mis les pieds dans la bâtisse, avoir testé son sourire canon quinze fois pour se sentir prêt…Toutefois, si le jour J, la chance n'est pas au rendez-vous…le rendu final du reportage n'est pas celui que l'on a escompté.
Un bon reportage, c'est grâce au coup de bol du moment : quand vous investiguez l'univers des requins et que le caissier se révèle être un biologiste confirmé, lorsqu'au centre de vaccination tout le monde se presse pour répondre docilement à toutes vos questions… Plus spectaculaire encore : il est midi, il fait froid et on est en février. Votre article nécessite la photo d'un pêcheur qui, en plein Paris, succombe à son petit péché et pêche : le tour est joué !
Les esprits chagrins me diront : «Et le professionnalisme dans tout ça ?». Si être journaliste, c'est faire son loto à chaque reportage, hé bien ! À ça, il faut répondre : la chance, ça se travaille. Par exemple, en connaissant les coins où il y a le plus fort taux de probabilité pour rencontrer un pêcheur parisien.
Nicolas Rossato