L’art de la pige
La pige. Un terme presque incompréhensible pour ceux qui ne parle pas le langage journalistique. Le pigiste est un journaliste rémunéré au papier et gagne sa vie en proposant des sujets à un titre de presse. Et tout étudiant en journalisme, bercé par des « le monde de la presse est en crise » et autres « vous ne trouverez pas de CDD ou CDI en sortant d'école », sait qu'il passera par la pige pour creuser son trou.
Dès lors, il est indispensable d'apprendre à manier l'art de la pige. D'abord, il faut se creuser la tête et faire preuve d'imagination. Trouver un sujet original et prouver en quelques mots que l'on tient une pépite. 500 signes pour expliquer pourquoi vous et personne d'autre peut écrire ce papier. Surtout ne pas en faire trop et aller directement au but en proposant un angle et un traitement. Pas évident.
Ensuite, montrer votre « valeur ajoutée », celle qui convaincra les rédactions de faire appel à vous et non à ses journalistes attitrés. « Je pars en Afrique du Sud pendant la coupe du Monde » ou encore « Brad Pitt est le meilleur ami de mon père et veut bien m'accorder une interview exclusive ».
La technique du harcèlement (téléphonique ou par mail) est un bon moyen de « pression » et presque un passage obligatoire pour s'assurer que notre interlocuteur ne nous oublie pas. Evitez toutefois d'appeler vingt fois par jour…
Une fois la commande passée, le soulagement. Mais gare aux mauvaises surprises. Car si la pige permet une certaine indépendance, elle représente un mode de rémunération précaire. En moyenne, il faut compter 60 euros pour 1 500 signes mais dans les faits, un feuillet peut parfois être payé dix euros. Il varie surtout en fonction du travail nécessaire à la réalisation de l'article. Ne comptez pas sur la pige pour rouler sur l'or.
Charlotte Vaccaro