Il y a des moments où l’on se fait tout petit

Il y a des moments où l'on se fait tout petit


Les conférences de rédaction à la « locale » de Ouest-France à Rennes sont toujours des moments particuliers. A l'évocation des sujets ou reportages du jour, les rédacteurs s'entredéchirent pour en récupérer les meilleurs. Pourtant ce jeudi d'octobre 2008 personne, parmi la dizaine de rédacteurs présents, ne se propose pour réaliser un reportage à l'hôpital Sud de la ville. Un ange passe, peut-être deux, quand le doigt inquisiteur du rédacteur en chef se pointe vers moi. Jeune stagiaire depuis une dizaine de jour, j'accepte sans rechigner une mission dont j'ignore l'objet.

 

Cet après-midi, un éminent chercheur rend visite aux enfants hospitalisés afin d'y présenter son documentaire sur la faune des Îles Kerguelen. Cette projection intervient dans le cadre des rencontres mensuelles entre jeunes malades et scientifiques du CNRS. Pour le rédacteur en chef, l'objectif est simple : « tu me feras 800 signes et une photo ». Ce qui pourrait paraître limpide pour tout bon journaliste qui se respecte m'est apparu extrêmement complexe.

 

Passé les présentations d'usage et les autorisations des parents signées, le temps de la photo était venu. Cette position de journaliste était très inconfortable et déstabilisante. Face à la difficulté de prendre un cliché, un sentiment de mal être me parcourait. En effet, beaucoup de ces enfants profitaient de ce jour pour voir des parents parfois absents. Alors, la photo en boite, je me suis éclipsé discrètement, fonçant à la rédaction écrire mon papier en vitesse. Bien plus tard, je comprenais enfin que ce reportage était en réalité une sorte de « bizutage », une expérience qui me sert aujourd'hui et me servira demain.


Alexandre Menguy



15/04/2010

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